viernes, 11 de diciembre de 2015

CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SOLUTIONS INSUFFISANTES

L’objectif principal de la Conférence mondiale sur le changement climatique est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin d’atténuer les effets du changement climatique. La Commission technique des 193 États membres des Nations Unies s’est réunie à Bonn (Allemagne) du 19 au 23 octobre 2015 afin de parvenir à un accord sur l’atténuation du changement climatique, mais elle n’a donné lieu qu’à un document plein de désaccords, qui servent de base aux discussions de la COP 21, organisée à Paris, et où les chefs d’État doivent parvenir à des compromis susceptibles de réduire les GES et, partant, les températures de 2° C d’ici 2030. Face à cette situation délicate, Laurence Tubiana, Ambassadrice française s’est désolée de ce que « à Paris, nous devrons tout négocier en même temps ».
Les grandes entreprises imposent leurs intérêts aux gouvernements, et ces derniers leur autorité aux citoyens, arguant que « tout accord de diminution des GES doit être volontaire ». Les pays en développement demandent, quant à eux, que les accords aient force obligatoire, et que la question de la diminution des GES soit traitée de manière « juste mais différenciée… celui qui pollue le plus doit payer davantage, et il faut appliquer un mécanisme sur les pertes et les dommages ». En résumé, les premiers ne veulent pas abandonner leurs sources de revenus (mines, pétrole, transports, construction, monocultures, produits agrochimiques, armement, etc.) et proposent en échange de marchandiser la nature, tandis que les seconds sont ouvertement intéressés par sa vente, allant même jusqu’à l’offrir gratuitement en échange d’un financement pour « assurer sa conservation ». De ce fait, le changement climatique n’est qu’une simple marchandise, et l’environnement a cessé d’être un patrimoine commun de l’humanité.
Les entreprises dominent les COP, et elles les utilisent pour proposer et mettre en place des « solutions » qui pourraient être utiles si elles tenaient compte des droits humains, de la conservation de l’environnement et de la participation réelle, juste et équitable des citoyens, en complément des mesures destinées à diminuer de manière significative les GES in situ et sur l’ensemble de la planète, mais qui se révèlent au contraire partielles, insuffisantes, « fausses » et inutiles.
Adoptant un langage environnementaliste, les entreprises appellent « services écosystémiques » ceux que la nature fournit, et qu’il faudrait payer. Par exemple : les forêts captent le dioxyde de carbone (GES) et le stockent, diminuant son impact sur l’atmosphère ; par conséquent, elles proposent le mécanisme de réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation (REDD) et, lorsque l’on y ajoute « la commercialisation de la nature, la gestion durable des forêts et le renforcement des stocks de carbone forestier », on obtient le REDD PLUS, ou REDD+. Dans le cadre de ce dernier dispositif, une entité extérieure (ONG, fondation, entreprise, etc.) prend le contrôle d’une forêt afin « d’assurer sa conservation », ce qui peut la conduire à interdire aux communautés locales d’extraire du bois d’œuvre, du bois de chauffage, de chasser, de pêcher, etc., voire, si cela s’avère nécessaire, à procéder à des expulsions. Le carbone « capté » et stocké par la forêt est évalué, un prix lui est attribué, et il est proposé sur le marché du carbone, où une entreprise qui pollue un autre site va acheter des crédits carbone afin de poursuivre ses actions polluantes, puisqu’elle paye tout ou partie de ses émissions de GES. L’entité extérieure peut autoriser l’exploitation minière, l’extraction de pétrole et même « l’exploitation forestière intelligente », à savoir la coupe d’arbres dans une forêt contre l’ensemencement en monoculture d’un autre site, ce qui se traduirait par une « déforestation zéro ». Mais il est complètement cynique de comparer un site en monoculture d’où est absente toute diversité biologique avec une forêt ! Et pendant ce temps… les utilisateurs ancestraux de ces écosystèmes sont criminalisés comme des agents de la déforestation, des prédateurs, etc. On propose aussi « l’agriculture intelligente » comme solution au changement climatique, en d’autres termes, une agriculture basée sur des semences génétiquement modifiées traitées avec des produits agrochimiques spécifiques, et vendues de manière exclusive par la multinationale qui les produit.
Aujourd’hui, la COP 21 se propose de mettre en place le mécanisme de « carbone bleu » pour assurer la conservation des zones humides (forêts de palétuviers, marais côtiers, et prairies marines), avec à la clé le risque d’affecter des millions de petits pêcheurs si l’on suit la même méthodologie que celle de REDD+.
En résumé, « vendre la nature pour la sauver » est pour les entreprises un autre moyen de s’accaparer les terres et les eaux, mais cela ne constitue aucunement une politique efficace ni juste pour atténuer le changement climatique… Et ainsi que l’a rappelé le président Barak Obama, « nous devons quitter Paris avec des accords ayant force obligatoire. S’ils ne portent pas sur l’atténuation du changement climatique… que Dieu nous protège ! »
 Traduit par Slow Food

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